dimanche 23 novembre 2008

dimanche 16 novembre 2008

Wayne Barbaste : ma danse Jazz

"Historiquement, la danse jazz a connu un parcours radicalement différent de la musique, elle n'a pas bénéficié de sa reconnaissance, de son prestige. D'abord indissociable de la comédie musicale et partenaire coutumière du théâtre à New-York, elle est surtout associée aujourd'hui à la variété, par le fait de nombre de chorégraphes séduits par les plateaux de télévision, vendus à la demande commerciale et frivole des années 70 essentiellement.
Ce qu'est la danse jazz aujourd'hui, la faute en revient aussi aux créateurs qui n'ont pas su la défendre en prenant position au moment où Jack Lang a mis en place sa politique en faveur de la danse contemporaine. Tout le chemin reste à faire".

mardi 11 novembre 2008

" Jazz. Mot percutant du XXème siècle. Jazz, jazz, jazz. Vitesse, tourbillon énergétique, explosion de l’instant. Jazz. Savoy Ballroom. Corps orchestre, dépense, pulsion sculptée. Jazz, jazz. Désir, urgence. Improvisation spontanée. L’art du discours, Bill Robinson, Baby Laurence. Modern jazz citadin, accentué et précis, technique et virtuose, Jack Cole, Matt Mattox, Tlley Beatty. Jubilation, humour, feeling, émotion, affect. Jazz, dans de l’âme.


Curieuse destinée : l’enfant des bastringues conquiert le monde en quelques décennies. Quel observateur de l’époque aurait deviné que ce folklore deviendrait le langage d’un peuple tout entier ? Phénomène qui ne se contenterait pas de transformer la musique, les danses, et la façon de danser de l’Amérique, mais révolutionnerait jusqu’à la création, la conscience et la culture du XXème siècle ".

lundi 10 novembre 2008

De l’Afrique à l’Amérique : I’ve come a long way, Lord !

" L’Amérique a toujours été une société multiraciale et métissée, même si elle s’est longtemps revendiquée comme une société blanche, niant la présence en son sein des Indiens, des Noirs et autres métis. Pourtant cette population de couleur a contribué de façon essentielle au développement du Nouveau Continent. Les esclaves africains y ont développé une culture originale, profondément noire et américaine, indissociable de la civilisation des Etats-Unis. La danse jazz, facette de cette culture, a été le lieu, l’enjeu et la manifestation d’une interaction culturelle complexe entre deux communautés : l’une blanche, dominante, l’autre noire, dominée. Même si l’idée reçue confond la diffusion des formes et l’exercice et l’exercice de la force, que peut représenter cette domination à côté des mélanges souterrains engendrés par la rencontre de l’imaginaire différent de deux peuples ? Ne peut-on remarquer, avec Jean Duvignaud, que la création est faite de ces enchevêtrements réciproques comme une réponse à la violence : « Sont-ils silencieux ces peuples dominés, reçoivent-ils passivement la culture du vainqueur, ou avides qu’ils sont de s’emparer des outils de ce dernier, ne corrompent-ils pas l’image que le prépondérant se fait de soi ? Des semences microscopiques n’envahissent-elles pas pour la modifier la conscience du maître ? […] Les esclaves africains n’ont-ils pas, par leur puissante vitalité, reconstitué une culture et par le jeu du corps, le rythme et les chants, pénétré et changé le confort psychique de la civilisation industrielle ? "

Histoire de la danse jazz

" En conservant de ses origines lointaines une vocation à réunir des éléments antagonistes, tels l'Afrique et l'Occident par exemple, en s'affichant simultanément comme danse populaire et comme danse savante, en mêlant les pratiques commerciales à la sensibilité esthétique, la danse jazz brouille les grands couples conceptuels au moyen desquels nous structurons notre pensée et qui nous permettent de concevoir le monde selon des axes de symétrie : art/divertissement, noble/vulgaire, individu/communauté, technique/inspiration, sophistiqué/primitif, blanc/noir. Il n'est pas étonnant qu'il soit devenu une sorte de mot-valise, synonyme d'expression libre. Libre d'allure, d'esprit, certes. Absolument libre ? La question est posée. La liberté du danseur jazz tiendrait peut-être davantage d'une liberté conditionnelle, protégée par un certain ,ombre de critères d'exécution, cooptés jusqu'ici par tous, un état d'eprit, une sensibilité particulière, un feeling qui lui est propre. Certes, les limites sont floues mais il me paraît fécond de courir le risque de les préciser plutôt que d'amputer le débat en faisant semblant de croire que chercher à comprendre revient forcément à quadriller pour exclure ".

Eliane SEGUIN